Ils fuyaient, sans armes ni murailles.
Ils fuyaient les armées sans visages,
Les haches sans noms,
Les dieux revenus en colère.

Les villageois de Vélora couraient entre les oliviers noirs,
Leurs enfants dans les bras,
Leurs morts trop récents encore sur les épaules.
Nul champion. Nulle armée.
Juste l’horizon en feu et les flèches sifflant comme des serpents rouges.

Puis la terre grogna.

D’abord un souffle chaud.
Puis une ombre immense,
Et enfin — un pas.
Lent. Contrôlé. Pesé pour ne pas écraser ceux qu’il venait sauver.

Darkam n’avait plus d’arme.
Il avait son dos.
Il avait son torse, ses bras croisés.
Et son pas large comme un champ de blé,
Qu’il posa devant la dernière barrière du village.

Les flèches tombèrent comme la pluie en guerre.
Des centaines. Des milliers.
Certaines portaient le feu. D’autres, des malédictions anciennes.
Mais aucune ne franchit son dos.

Sa peau se couvrit de flammes.
Ses écailles fondaient.
Ses muscles craquaient sous les traits enflammés.
Mais il ne bougea pas.

Il se tenait là.
Mur vivant.
Pont de chair et de cendres entre le monde et la fin.

Une enfant, derrière lui, osa souffler :
« Pourquoi il reste ? »

Et une vieille femme répondit sans le quitter des yeux :
« Parce que le feu qui brûle un bouclier…
n’atteint pas ceux qu’il aime. »

Lorsque les archers cessèrent,
Lorsque l’ennemi vit que le feu ne gagnait pas,
Il recula. Il perdit.

Darkam, brûlé, tomba à genoux.
Non vaincu.
Juste fatigué.

Et dans le silence de l’aube noire,
Chaque villageois s’approcha et posa la main sur lui.
Non pas pour le remercier —
Mais pour le refroidir.

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