Il y a mille ans, quand les montagnes n’étaient encore que des pierres vagabondes, un cri fendit la terre : Gaïa, la Terre-Mère, était enchaînée.

Les titans déchus, pour punir la déesse de leur bannissement, avaient forgé une colonne d’épines, haute comme le ciel, qu’ils lui avaient plantée dans l’échine. Depuis, elle se tordait de douleur, faisant trembler le sol chaque fois que ses chaînes vibraient. Les volcans saignaient, les mers grondaient, les cieux ne pleuraient plus.

Mais un jour, les oracles du sud virent un géant aux pieds sombres, marqué par les runes bleues, s’avancer depuis les terres brisées du Nord. Ils murmurèrent :

« Celui qui marche sans se courber viendra redresser le monde. »

Darkam s’approcha de la faille de Gaïa. À ses pieds, les montagnes se recroquevillaient comme des enfants. Le ciel s’assombrit, les vents cessèrent, comme si l’univers retenait son souffle.

Face à la colonne d’épines, haute comme dix cathédrales, Darkam ne sortit ni arme, ni rugissement. Il retira seulement son gantelet, posa sa paume écailleuse contre le sol, puis… leva lentement les yeux vers le sommet.

Ses trois orteils massifs s’enfoncèrent dans le roc, formant un socle. Il se dressa, poing en arrière, et frappa la colonne de toute la colère des mondes oubliés.

Le coup fut si pur qu’il résonna dans les plans célestes.

La colonne éclata.

Une lumière verte émana des entrailles du monde. Gaïa, délivrée, chanta une note que même les étoiles entendirent. Le sol cessa de trembler. Les mers se calmèrent. Et là où Darkam avait frappé, un arbre géant poussa, plus haut que les nuages, gardien silencieux de ce serment rendu.

On dit que depuis, à chaque tremblement de terre évité, c’est Darkam qui retient la douleur du monde dans ses épaules.

Quelque chose à dire ?

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.