Ils le trouvèrent à genoux, fumant,
Le dos encore rouge des flammes des archers.
La terre autour de lui n’était plus que verre noir.
Mais son souffle — lent, grave — tenait le monde en équilibre.

Les Nains de Thargrund s’approchèrent sans bruit.
Eux qui creusent sous les douleurs du monde,
Eux seuls savaient reconnaître une montagne vivante.

« Il n’a pas plié. Il n’a pas fui. »
dit Grolb, le plus ancien, en posant ses doigts sur une écale calcinée.
« Alors nous, forgerons de serments… on va le relever. »

Ils ne prièrent pas.
Ils travaillèrent.
Dans les galeries basses, sous les stalactites noircies,
Ils tirèrent les lingots anciens,
Les runes dormantes,
Les clous bénis par la chaleur des premiers âges.

Ce qu’ils préparèrent n’était pas un tombeau,
Ni une statue.
C’était un habit de guerre,
Tissé non de métal,
Mais de mémoire et de volonté.

À la lumière bleue des braises,
Ils posèrent sur lui les premières plaques.
Pas pour le couvrir.
Pour honorer ce qu’il avait protégé.

Chaque articulation fut gravée d’un serment :
« Je me tiens entre la lame et l’enfant. »
« Je fléchis mais ne tombe pas. »
« Je porte sans tuer. »

Il dormait, oui.
Mais son cœur battait à travers les murs de pierre.
Et les marteaux, en frappant, suivaient sa cadence.
Thargrund battait au rythme de Darkam.

Quand il ouvrit les yeux,
Ce ne fut pas la douleur qu’il exprima.
Ce fut une parole simple, rugueuse, posée dans la gorge comme une enclume :
« Merci. »

Alors les Nains levèrent leur chope.
Et jurèrent, sans pacte ni serment magique :
« À la prochaine pluie de feu…
Tu n’seras pas seul, Grand. »

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